Grèce: Les trois mensonges des médias et des experts (fin)
Des Mythes à la réalité
Il faut, face aux mythes et autres balivernes qui sont colportés d’ici et
là rappeler ces faits. Ce n’est pas en se fermant les yeux à ces
vérités que l’on pourra construire les politiques qui s’imposent face à
la crise. C’est au contraire en les regardant en face que l’on pourra
trouver des solutions.
La Grèce est incontestablement dans une
situation extrêmement difficile. On peut craindre que l’aide de
l’Eurogroupe contribue à empirer les choses au lieu de les améliorer.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut rien faire, mais qu’il faut le faire
différemment. La grève générale du 5 mai devrait à cet égard avoir
valeur de test. Il est alors urgent que les conditions mises à l’aide ne
soient pas prises en otage par la politique intérieure allemande. Il ne
sert à rien d’exiger des Grecs des conditions qu’ils ne pourront pas
tenir.
De la même manière, rien ne justifie la fascination
morbide de certains pour le « modèle » allemand. Il n’est pas
exportable et il n’a d’ailleurs pas les conditions de stabilité
internationale à long terme pour constituer un « modèle » (1).
C’est là certainement l’un des mythes les plus pervers de la politique
et de l’économie française depuis les années 1970, et qui plonge ses
racines non dans la réalité mais dans une réécriture de l’histoire que
nous avons plus ou moins acceptée sans la discuter. Mais, au lieu de se
complaire dans ce masochisme qui tire sa source de la vision convenue du
désastre de juin 1940, nous pouvons regarder sans honte la trajectoire
économique de notre pays. Elle est certainement bien plus « soutenable »
que celle de l’Allemagne.
Enfin, il faut cesser de mythifier
l’Euro. Le passage à la monnaie unique a été une tragique erreur, alors
que s’offrait à nous la possibilité d’une monnaie commune venant
chapeauter nos monnaies nationales. Un tel système, en laissant la
possibilité de procéder quand il faut à des dévaluations ou à des
réévaluations eut été bien plus robuste. Il n’est pas trop tard pour
revenir à la raison et faire marche arrière. En un sens, l’histoire a
tranché. Dans sa forme actuelle, la zone Euro n’est pas viable.
(1)
Biböw J., « Investigating the Intellectual Origins of the Euroland’s
Macroeconomic Policy Regime : Central Banking Institutions and
Traditions in West Germany aftre the War », The Levy Economics
Institute, Working Paper n° 406, Annandale-on-Hudson, Mai 2004.
(2)
Constat que je tirais en 2006 dans, Sapir J., « La Crise de l’Euro :
erreurs et impasses de l’Européisme » in Perspectives Républicaines,
n°2, Juin 2006, pp. 69-84, texte republié en 2009 sur le blog Horizons.
Ces 4 volets sur la Grèce sont tirés de Marianne2
Faire ce que l'on veut ou bien vouloir ce que l'on fait
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