jeudi 30 juillet 2009

Lagarde : Mme Irma de l'économie

Notre ministre de l'Economie n'a pas sa langue dans sa poche. Elle parle, elle parle, jamais à l'abri de la contradiction et flirte souvent proche avec la bourde. Slovar s'est amusé à recueillir un florilège de ses plus belles sorties.



(photo: Christine Lagarde - World Economic Forum - Flickr - cc)
(photo: Christine Lagarde - World Economic Forum - Flickr - cc)
Si certains ministres se font discrets, au point qu'on se demande s'ils ne sont pas déja en pré-vacances, il en existe une ministre qui se répand quotidiennement dans les medias : Christine Lagarde.

Depuis qu'elle est en place à Bercy, les Français ont pu « apprécier » ses déclarations, qui tiennent parfois de la provocation ou des contes pour enfants en bas âge :

Permière période: 2007 - 2008

- Août 2007, conférence de presse.
« L’économie française repose sur des fondamentaux qui sont solides [...] Je ne conçois pas aujourd'hui de contamination à l'économie mondiale. »
- 17 août 2007, dans Le Parisien
« Ce n'est pas un krach [...] Nous assistons aujourd'hui à un ajustement [...] une correction financière, certes brutale mais prévisible. »
- 5 novembre 2007 sur Europe 1
« La crise de l'immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d'effet sur l'économie réelle américaine. Il n'y a pas de raisons de penser qu'on aura un effet sur l'économie réelle française. »
- 18 décembre 2007, sur France-Inter
« Nous aurons certainement des effets collatéraux, à mon sens mesurés. [Il est] largement excessif de conclure que nous sommes à la veille d'une grande crise économique. »
- 22 janvier 2008, sur Europe 1
« [Un krach ?] Il faut éviter les mots spectres, les mots angoisse comme ça [...] Je crois qu'on a observé une correction brutale sur les marchés asiatiques, européens dans la foulée. »
- 10 février 2008, au G7 au Japon
« Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l'Europe. »
- 11 février 2008, dans Le Figaro
« Si les États-Unis devaient éviter la récession, leur croissance sera toutefois très faible. L'Europe sera elle aussi touchée. »
- 26 mars 2008, conférence de presse
« L'environnement international est difficile […] La volatilité actuelle des taux de change et le niveau du dollar sont un risque pour notre croissance. »
- 1er juillet 2008, dans Le Figaro
A l'orée de la présidence française de l'UE, Lagarde veut rester comme le ministre français ayant permis à l'Europe « d'éviter la crise financière d'après. »
- 15 septembre 2008, sur Europe 1
« L'ensemble des autorités bancaires, le Trésor, les banques centrales se sont concertées pendant plusieurs jours, les mécanismes sont en place, il n'y a pas panique à bord. »
- 16 septembre 2008, conférence de presse
« [La crise aura] des effets sur l'emploi et sur le chômage [pour l’heure] ni avérés ni chiffrables. »
- 20 septembre 2008, conférence de presse
« Le gros risque systémique qui était craint par les places financières et qui les a amenées à beaucoup baisser au cours des derniers jours est derrière nous. »
- 21 septembre 2008 sur Europe 1
« Je ne suis pas euphorique, pas plus que je n'étais catastrophiste […] La crise est loin d'être finie. » - Source Scandale Blog

Au plus fort de la crise pétrolière et des prix ahurissants du baril de pétrole, confrontée aux récréminations des Français sur le pouvoir d'achat promis par le candidat, devenu Président de la République, elle nous sortait quelques morceaux choisis :

Face à la hausse du prix des carburants, Christine Lagarde en appelle « à l’intelligence des Français ». Il faut changer « de mode de comportements ».
« Les Français doivent adopter des modes de consommation différents pour préserver leur pouvoir d’achat et pour préparer l’avenir », a-t-elle déclaré. « Utilisons les bicyclettes, les transports en commun et le covoiturage », conseille-t-elle. - Source France Soir

Interrogée le lendemain sur Europe 1 sur la manière dont elle était arrivée dans le studio, elle répondit (honnêtement) « en voiture ». Réplique cinglante du journaliste : « Vous ne faites donc pas ce que vous conseillez aux Français. »

Ces « conseils » avaient, d'ailleurs inspiré à un blogueur facétieux le texte suivant :

La suite sur http://www.marianne2.fr/Christine-Lagarde-dixit_a181592.html

Je manipule, tu manipules, il manipule, nous sommes manipulés

Entre le 2 janvier et le 29 mai, le Figaro a publié 17 sondages d'Opinion Way. Voici lesquels. Ca se passe de commentaires. On en a fait quelques uns tout de même...

La Face karchée de Sarkozy. Philippe Cohen. Richard Malka. Riss

Depuis que le scandale des sondages Opinion Way-le Figaro-Publifact a éclaté, les responsables d'Opinion Way se défendent comme de beaux diables. Ils ne sont pas de droite, enfin pas tous (ce qui est exact) il travaillent avec des médias de gauche (oui mais pour beaucoup moins cher
Nous avons voulu nous mettre, un instant, à la place du lecteur du Figaro, qui reçoit chaque semaine ce Journal de l'Elysée que publie le quotidien à partir des sondages. Avouez que quand on lit ça dans la continuité, on n'a aucun doute sur le sens vers lequel inclinent ces études. Et on comprend mieux pourquoi la rédaction du Figaro demande à sa direction de renoncer aux services d'Opinion Way :


2 Janvier. l’année débute par des étrennes : «Pour les Français, Sarkozy est plus rassurant et rassembleur», titre le quotidien après les vœux de Nicolas Sarkozy. En fait, seulement 52% des Français ont jugé convaincant (encore ne s’agit-il que de ceux qui l’ont entendu). Une minorité de français le jugent rassurant (36%) et 30% le jugent rassembleur, mais le Figaro est époustouflé que les résultats soient légèrement meilleurs qu’un an plus tôt (+5% et +3%).

15 janvier. La crise frappe, parlons justice. Hélas, 59% estiment important mais pas prioritaire de réformer la procédure pénale. Et 45% (contre 34%) sont opposés à la suppression du juge d’instruction. Le titre est soft : «Réforme de la justice : les Français partagés». Heureusement, une question sauve l’honneur. 38% estiment que la suppresssion de la publicité sur France télévision après 20H est poutôt une réussite (14% plutôt un échec, 46% ni l’un ni l’autre)

22 janvier. En titre : «Les Français se prononcent contre les bonus». 89% des français approuvent qu’il ait demandé aux dirigeants des banques françaises de renoncer à leurs bonus en 2008 pour pouvoir bénéficier de l’aide de l’Etat. Dans le sondage, on apprend aussi que 53% n’ont pas confiance en Sarkozy pour faire face à la crise financière.

30 janvier. «Les Français partagés sur l'évolution du climat social» Art de la litote. 70% jugent que Nicolas Sarkozy n’apporte pas des réponses efficaces, 71% qu’il n’est pas à l’écoute des français, 69% qu’il ne prend pas en compte les difficultés des Français 64% ne Dit pas la vérité aux Français. Ouf : seulement 22% estiment que l’opposition ferait mieux.
), etc.

6 février. Sarkozy est venu à la télé pour expliquer la crise aux Français, Dans ces moments, on ne plaisante pas. Le titre est brutal. «Face à la crise» : Sarkozy a convaincu». Seulement 53% ont trouvé le président convaincant dans son intervention télévisée. L’institut CSA, qui a interrogé tous les français et non seulement ceux qui l’ont regardé, se fera incendié par Frédéric Lefebvre pour avoir mesuré le scepticisme des Français.

12 février. Heureusement, il y a… Besancenot, qui «s'installe en concurrent du Parti socialiste». Gros sujet sur la légitimité d’un parti anti-capitaliste en France. OB gagne 12 poins comme meilleur opposant. Il était urgent de changer d’atmosphère car le Figaro a admis quatre jours plus tôt, sur la base d’un sondage Opinion Way-Metro, que «la popularité de Sarkozy s'effrite dans les sondages».

20 février. C’est la cata. Le climat est pourri au lendemain d’un sommet social globalement mal perçu. 57% estiment que le gouvernement ne prend pas en compte les revendications sociales actuelles. Et pourtant ce titre : «Les Français redoutent un mouvement social long». Explication de ce tour de magie : «Six personnes interrogées sur dix parient sur un conflit de grande ampleur. Seuls 36 % le souhaitent.» Et puis ce cadeau : 85% approuvent la mise en place de "bons d'achat" de services à la personne de 200 euros par foyer,

27 février. Zut, les Français ont une meilleure opinion de Bayrou et de Aubry que de Sarkozy. «Malgré une image dégradée, le président conserve un fort potentiel électoral grâce à son socle UMP, selon l'enquête OpinionWay-«Le Figaro »-LCI. La gauche qui a bénéficié de l’ouverture est bien ingrate. On parlera donc plutôt Guadeloupe : 51% des Français de métropole sont favorables à l'indépendance.

6 mars. Historique. Le Figaro fait claquer un mauvais titre « Les Français réservés sur la fusion des Régions». La réforme des collectivités territoriales est jugée «secondaire» par 47% des français.

14 mars. Ça marche toujours Alors que 42 % souhaitent que le gouvernement doit retire la réforme du statut des enseignants chercheurs et et 37% celle de la formation des enseignants, le Figaro a la tête dans les îles. « Les Français prennent leurs distances avec l'outre-mer». Pour 68%, le conflit en Guadeloupe devrait s’arrêter après les concessions du gouvernement .

20 mars. «Les Français parient sur une radicalisation des conflits». Cela sonne comme un jeu alors que les français ne rient pas. 49% (contre 51%) souhaitent que les mouvements sociaux actuels se transforment en un mouvement de grand ampleur et une grève comparable à celle de 1995.

27 mars. «Dans la crise, Sarkozy garde la confiance de son camp», titre le Figaro. C’est mieux que si c’était pire. 53% ne font pas confiance ou pas à Nicolas Sarkozy pour faire face à la crise actuelle ? 62% ne penent pas qu’il apporte des réponses efficaces mais, ouf, 79% jugent qu’il fait preuve de détermination et 69% qu’il fait preuve de sang froid. Et seulement 20% pensent que la gauche ferait mieux que le gouvernement. Le lendemain, «85 % des Français veulent plafonner la rémunération des chefs d'entreprises qui ont bénéficié d'aides de l'État. Enfin des français «massifs et unanimes».

3 avril. Le G20, la grande affaire ! « G20 : une majorité de Français approuve le rôle de Sarkozy». 54%, de fait, jugent que Nicolas Sarkozy a défendu a bien défendu es intérêts de la France (bien 54%). Néanmoins, est-ce l’enthousiasme ? Diriez-vous que le G20 qui s’est tenu à Londres est plutôt un succès ou plutôt un échec? 29% un succès, 21% un échec, 48% ni l’un ni l’autre.

9 avril. Assez parlé de la majorité, des séquestrations, du chômage ! «Sondage : après Dakar,le rebond de Ségolène Royal». Le palmarès du meilleur opposant est une machine à diviser l’adversaire.

23 avril. L’élection européenne approche. Après l’annonce par le chef de l’Etat d’une nouvelle loi contre les bandes, le Figaro proclame que «Sarkozy est jugé le plus crédible contre la délinquance». Tout est relatif : 39% lui fond plus confiance pour lutter contre la délinquance, 15% s’en remettent à l’opposition menée par le PS, 10% au FN, 6% à François Bayrou. Mais 36% ne font confiance à aucun de ceux là ! Est-ce réjouissant ? En sus, une question tordue oriente le débat : est-ce que le climat économique et social actuel va conduire à une augmentation de la délinquance ? 69% des Français répondent oui.

28 mai. Petite leçon de politique, dans un article sur l’éducation nationale. «Xavier Darcos, pour contrer les réserves syndicales, a par ailleurs présenté les résultats d'une enquête OpinionWay, réalisée à sa demande auprès de 1 047 personnes, qui montre que 64 % d'entre elles sont favorables à la fouille d'élèves suspects et 81 % à l'installation de portiques de sécurité.»

29 mai.
Joli coup : «Merkel et Sarkozy, leaders préférés en Europe». Admirons la manip : pour ce sondage, Merkel, Berlusconi, Zapaterro et Brown ont été testé dans leur pays, mais l’opinion publique française n’est pas consultée sur Sarkozy. C’est plus prudent car, comme le glisse le Figaro, «au passage, on notera que seuls deux chefs de gouvernement sont populaires dans leur pays - Merkel et Berlusconi». Bonne élection, monsieur le Président !

Source : Marianne2
Faire ce que l'on veut ou bien vouloir ce que l'on fait