dimanche 11 avril 2010

La finance est devenue une pensée de la vie

Avec France Culture, Marianne2 publie une série d'entretiens d'Antoine Mercier avec divers intellectuels autour de la crise. Cette semaine, l'économiste André Orléan revient la logique financière qui domine toutes les dimensions de la vie et propose des pistes de changement, et avant tout le décloisonnement.

Le constat que vous faites dans vos travaux sur le manque d’autonomie des différentes sphères de l’économie est particulièrement pertinent pour analyser la crise actuelle du monde de la finance…

 Il faut comprendre que les conditions de l’évaluation financière, la manière dont les financiers regardent le monde est quelque chose qui est très fortement unifié. Dans les systèmes sociaux antérieurs, à côté de la puissance financière, il y avait la puissance industrielle, il y avait la puissance politique, il y avait la puissance salariale. On se trouvait ainsi dans des systèmes complexes, avec des rapports de pouvoir tout aussi complexes mais qui en définitive produisait une certaine stabilité de l’ensemble.

Aujourd’hui, la tendance est à l’homogénéisation, à l’unification de toutes les sphères avec, au centre du système, la finance, l’évaluation financière, les droits financiers… Tous les aspects de notre vie d’aujourd’hui, sont plus ou moins liés à ces questions financières. Cela modifie profondément le système car il n’y a plus vraiment de contre-pouvoir face à l’omniprésence de la finance.

D’où cette question centrale : comment peut-on réguler la finance alors qu’il n’existe pratiquement plus de contre-pouvoir qui puisse faire valoir son projet, ses anticipations, ses intérêts ? Il se trouve qu’aujourd’hui même le régulateur, en l’occurrence l’Etat, a fait siens les intérêts dérégulés…

Si les responsables politiques ont le même « logiciel » que celui de la finance, il n’y a plus personne d’extérieur pour modifier la donne…

Absolument… Il ne faut pas voir cela comme une espèce de manipulation diabolique des esprits… mais il est clair qu’aujourd’hui, les idées sont modelées par cette vision financiarisée du monde. Il est très difficile de penser autrement, d’avoir une action extérieure aux critères de la finance…

Plus de contre-modèle

Donc, quand les responsables politiques affirment vouloir réglementer la finance, vous semblez dire qu’ils n’en sont pas capables par manque d’autonomie…

Ils n’ont pas d’autonomie, effectivement. Car comment naît d’ordinaire cette autonomie ? Elle nait d’abord de projets intellectuels et de projets sociaux. Or il n’existe plus aujourd’hui de contre-modèle. Si bien que lorsque les dirigeants occidentaux imaginent le futur, ils nous replongent en réalité dans ce que nous avons connu, à savoir exactement le même système financier à quelques régulations près, mais fondamentalement le système lui-même n’a pas changé…

D’ailleurs, il ne faut pas croire que le système précédent, celui qui a conduit à la crise, était totalement dérégulé, ce serait une erreur… Effectivement, il y avait des zones de dérégulation, mais il y avait beaucoup d’acteurs qui étaient régulés. Les banques en particulier subissaient beaucoup de régulation…

Donc je crois qu’il y a un problème de diagnostic : ce n’est pas simplement la crise de la dérégulation, c’est aussi la crise d’une certaine régulation qui n’a pas réussi à fonctionner, qui a été contournée. L’expérience que nous avons de la crise antérieure celle de 2007-2008, c’est justement cette possibilité qu’ont eue les agents financiers de contourner les règles du fait qu’il n’y avait plus personne pour contrebalancer leurs intérêts…

Et il n’y a pas de raison que cela ne continue pas ?

Absolument… Pourquoi est-ce qu’ils pouvaient contourner les règles ? Parce que les régulateurs étaient essentiellement d’accord avec eux sur leur vision du monde et sur leurs intérêts… C’est important à comprendre… Ils n’étaient pas foncièrement diaboliques, simplement ils pensaient faire le bonheur des gens parce qu’ils croyaient qu’en effet, laisser la liberté d’évaluation des capitaux était quelque chose de tout à fait positif…Ils ont comme intégré l’idéologie du système.

C’est la raison pour laquelle je ne vois pas aujourd’hui ce qui peut nous rendre optimistes quant à la possibilité d’une régulation sérieuse, c’est-à-dire d’une régulation qui aurait des objectifs tels qu’effectivement il serait possible à un certain moment de dire « halte à la finance ! »…. C’est cela que je ne vois pas...

De bulles en bulles

Ce qui explique que rien n’ait changé pour la rémunération des grands patrons et en particulier des banquiers et des fameux traders...

C’est tout à fait cet exemple qu’on peut prendre… Je répète que ce système qui est en crise disposait de régulateur. Il y avait des présidents de banques centrales ; ils n’étaient pas aveugles, simplement ils ont fait des diagnostics en fonction de leurs croyances.

Ce n’était pas à proprement parler de la manipulation. On peut même dire qu’ils sont malheureusement de bonne foi. Ce qui signifie que le type d’erreurs qu’ils ont faites, il est très probable qu’ils les referont demain puisqu’elles sont en rapport avec une faiblesse structurelle liées à leur manque d’autonomie…

Est-ce que vous diriez qu’ils sont pris dans un champ d’intérêts financiers ?

Oui, bien sûr. C’est une réalité sociale évidente qu’il y a des intérêts financiers et qu’une représentation du monde qui la légitime leur est associée. On pense qu’en procédant ainsi, la finance est plus efficiente, etc.… Donc en effet, c’est toute une conception du monde qui est ici présente, et il existe peu d’alternatives car elle s’est étendue de manière extrêmement massive.

Un point peut illustrer cette question du rapport entre le capitalisme industriel et le capitalisme financier… D’ordinaire, l’industrie, le capitalisme industriel, les entreprises avaient une forte autonomie dans leur processus de création de richesses, dans leurs perspectives industrielles. Il y avait un ethos industriel particulier qui était lié à une propriété du capital dans certaines familles, etc.… Et d’ordinaire d’ailleurs, il était plus puissant ou du moins aussi puissant que la finance…

Aujourd’hui, le capitalisme industriel s’est complètement subordonné au capitalisme dit financier, notamment à travers ce qu’on appelle « la valeur actionnariale » qui revient à valoriser l’idée que ce qui compte pour une entreprise, c’est de maximiser son cours de Bourse… Et donc, on voit par cet exemple maintenant bien connu, comment ce qui était une hétérogénéité avant, est devenu beaucoup plus homogène.

A mon sens, ce qui est en cause, c’est le fonctionnement des marchés financiers qui est très différent de celui des marchés de biens. Ils fonctionnent à l’excès. Ils ont une tendance à avoir des prix qui augmentent de manière très élevée ou au contraire, qui baissent très fortement.

Pourquoi cette caractéristique ?


Normalement, la théorie économique nous dit que les marchés s’autorégulent… Ça veut dire quoi que les marchés s’autorégulent ? Ça veut dire que lorsque les prix dérivent, des contre-forces se manifestent qui ramènent les prix vers un niveau inférieur. Donc, sur un marché de biens, quand le prix augmente, la demande baisse et l’offre augmente, ce qui fait que le prix revient à son niveau…

Et c’est cela qui fait que les marchés sont régulés et c’est pour cela qu’on aime bien la concurrence… Or, il se trouve que la concurrence financière fonctionne à l’inverse : quand les prix augmentent, les gens achètent encore plus du titre dont les prix augmentent pour la raison très simple que quand un actif voit son prix augmenter, cela signifie aux yeux des opérateurs qu’il fait du rendement puisqu’une partie du rendement… quand l’immobilier augmentait, les propriétaires de logements gagnaient de l’argent, voyaient leurs richesses augmenter…

Donc cela attirait des investisseurs extérieurs qui venaient sur le marché, et donc plus le prix augmentait, plus la demande augmentait. Dans les vrais marchés, les marchés de biens, les acteurs ont devant eux  quelque chose d’objectif qui est une qualité de produit et cette qualité de produit ne bouge pas quand ils achètent ou quand ils vendent… Sur un marché financier, la qualité du produit c’est sa rentabilité qui constitue est un pari sur le futur. Donc, il se peut que quand vous achetez ce produit vous le valorisiez. Et, comme il s’agit d’un  marché de promesses, il a un caractère instable…

Pour la raison que sur les marchés financiers, on n’achète pas un bien mais une anticipation, il se produit inévitablement des bulles qui sont la marque d’un dérapage incontrôlé lequel s’arrête brutalement lorsque la conscience qu’on est allé trop loin se produit. La bulle explose alors.

Ce mécanisme tout simple nous montre qu’il y a une instabilité très profonde et il me semble que nous sommes au cœur de la question financière…Cela explique ces crises dont l’intensité est d’autant plus forte que le système est homogène. Donc, mon diagnostic, c’est qu’il y a quelque chose d’instable au cœur de la finance elle-même, du mécanisme financier intrinsèque…

Le dépérissement des Etats

 Comment en est-on arrivé à ce que ce phénomène recouvre le champ entier de l’économie ?

La financiarisation de nos économies correspond très profondément à une modification des valeurs collectives, des valeurs sociales… Elles ne se sont peut-être pas reflétées directement dans les valeurs financières, mais en définitive elles y participent.  Ce qui m’apparaît très nettement aujourd’hui par exemple c’est le dépérissement des Etats… On parlait tout à l’heure de la question de la régulation et je crois qu’elle est centrale justement parce que les Etats n’ont plus de pouvoir, il y a un dépérissement des Etats…

Le dépérissement des Etats correspond précisément à ces transformations de la valeur. Je m’explique : les valeurs collectives sont de moins en moins identifiées à des territoires et à des Etats qui les protégeraient ou à des projets nationaux… La valeur, au fond, la valeur fondamentale réside aujourd’hui dans le rapport aux biens et aux marchandises… Pour schématiser, nous nous projetons là où nous trouvons de la valeur. Ce qui nous motive, ce que nous cherchons, la source de notre bonheur, notre avenir, nous le voyons à travers le rapport aux objets, aux marchandises…

Donc la valeur est maintenant liée aux objets dans l’inconscient collectif des économies développées. On se projette sur eux et c’est d’eux que l’on attend des solutions. Or, qui produit ces valeurs ? Ce sont les entreprises… Donc le grand dépérissement des valeurs sociales du côté de l’Etat, provient de cette transformation…

Si on schématise les grands mouvements de l’Histoire, nous sommes tous d’accord pour penser que c’est le monde des objets, c’est le rapport aux objets que nous avons privilégié si bien que ces objets sont devenus des valeurs collectives… Or, ce sont les marchés financiers qui, à travers les grands fonds institutionnels sont devenus les gérants du capital mondial en lieu et place du capitalisme industriel.  Donc, on a assisté à une transformation très profonde de ce point de vue-là.

Comme je le disais, ce qui est tout à fait particulier aux valeurs financières, c’est qu’elles se forment de manière totalement instable. Elles ne se forment pas sous un mode délibératif, collectif, raisonné, à la « Habermas ». Elles ne sont pas le résultat d’un processus maîtrisé au cours duquel il serait possible à chacun d’échanger des arguments… Elles se forment de manière financière, c’est-à-dire de manière « autoréférentielle ». Cela signifie que chacun essaye de savoir ce que les autres pensent. Ce n’est au fond pas très différent d’une logique médiatique. Et cette logique de la création des valeurs financières est fondamentalement instable…

Tout mon effort théorique est de montrer que la valeur économique n’est pas extérieure aux valeurs sociales… Toute l’économie s’est constituée, en prétendant que sa valeur, la valeur économique, était objective, qu’elle était différente des valeurs sociales… Je crois qu’il faut revenir en arrière et montrer que ce n’est pas le cas : les valeurs économiques sont comme les autres valeurs, elles sont collectives, produites par des processus stratégiques au cours desquels de nombreux d’acteurs jouent leur partition et se projettent dans l’avenir…

Comment faudrait-il faire pour règlementer de manière efficace le monde de la finance ?

Il me semble qu’il faut sortir de l’idée que les marchés financiers sont le bon système pour allouer le financement … Donc, ce qu’il faudrait définir, c’est le point au-delà duquel ils ne sont plus le bon système pour ce faire. Et mon idée c’est qu’il faut créer des cloisonnements, il faut créer des différenciations dans le système…

Ce qui cause la crise, c’est l’interconnexion de chaque domaine.  Elle produit une homogénéisation instantanée. Ce qui signifie que les acteurs du monde entier, répondent de la même manière en même temps… C’est pourquoi les crises ont des conséquences de plus en plus graves. Elles touchent tous les pays et tous les secteurs simultanément. Il faut donc revenir à des différenciations…

Ces re-cloisonnements nécessaires peuvent-ils être à la base d’un « programme » pour en sortir ?

Je n’ai pas de programme mais j’ai quelques idées. Mon diagnostic conduit à mettre en évidence que la question de l’interconnexion, la question des marchés financiers intégrés au niveau mondial est centrale. Il  faut revenir à des systèmes cloisonnés, c’est-à-dire dans lesquels les acteurs soient investis dans des projets beaucoup plus locaux.

Nous avons connu dans le passé une forme de cloisonnement : la décision prise dans le cadre du New Deal, qui interdisait aux banques de dépôt de s’occuper des marchés financiers… c’est un cloisonnement, parce que dans ce cas-là, quand il y a une crise financière, elle ne devient pas une crise sur les dépôts…

Il faut cloisonner pour essayer qu’existe une série de projets qui soient hétérogènes pour que l’on sorte de cette crise qui est fondamentalement une crise de la corrélation… Tout le monde agit simultanément de la même manière parce que toutes les grandes institutions ont acheté les mêmes actifs. Elles ont les mêmes réflexes et font exactement la même chose… Il faut essayer de re-segmenter… Ce n’est pas du tout de l’ordre de la réglementation, c’est une transformation…

Morales locales

Pourrait-on réaliser ce re-cloisonnement par des mesures qui seraient décidées même au niveau mondial ?

Je crois, en effet, que c’est tout à fait possible mais cela implique un changement radical d’idéologie, de perspective et de vision du monde… donc, ça ne se fera pas en un jour ! Mais il n’y a aucune raison que cela ne puisse pas se faire… Il est clair par ailleurs que cela aura des coûts. Le fait qu’aujourd’hui le capital soit totalement flexible a naturellement des avantages.

En effet, s’il y a une source d’innovation quelque part, immédiatement le capital peut s’en saisir et la faire croître avec une très grande rapidité… on a vu que cela a eu des effets positifs… et donc si l’on interdit cette flexibilité inhérente au décloisonnement, le phénomène de diffusion sera sensiblement ralenti. Mais en même temps, il me semble que c’est la seule manière d’éviter des crises de plus en plus  massives… Je conçois que ce soit un arbitrage compliqué.

Mais c’est un peu comme l’écologie au fond : Triez nos détritus peut apparaître comme une contrainte mais elle peut être acceptée si l’on explique  que le climat pourrait pâtir du fait qu’on ne le fasse pas.  Donc, là vous voyez bien comment ça peut marche. Encore faut-il en prendre conscience et cela prend du temps. Il n’est pas simple en effet de renoncer à faire de la rentabilité un absolu et d’intégrer que l’essentiel réside dans des morales d’activités.

C’est une idée que l’on trouve déjà chez Durkheim qui se posait exactement le même problème de savoir comment faire pour que les sociétés individualistes fonctionnent… Il voyait bien que l’individualisme pur, un peu à la manière financière d’aujourd’hui, ne fonctionnait pas… Il voyait aussi que l’Etat n’était pas une solution efficace.

Ce qu’il proposait c’était d’instaurer des corps intermédiaires qui établissent des morales locales… Durkheim parlait de morales professionnelles… Je crois qu’il y a là un modèle intéressant pour aujourd’hui afin que les acteurs s’investissent dans des projets locaux qui soient aussi collectifs…

Biographie: André Orléan est économiste, directeur d'études à l'Ehess

Retrouvez d'autres entretiens dans Regards sur la crise, réflexions pour comprendre la crise… et en sortir, ouvrage collectif dirigé par Antoine Mercier avec Alain Badiou, Miguel Benasayag, Rémi Brague, Dany-Robert Dufour, Alain Finkielkraut…, Paris, Éditions Hermann, 2010.

La crise est un bourreau pour la qualité

La crise a des conséquences qu'on ne soupçonnait pas. Selon le blogueur Eugène, les décisions que les entreprises ont du prendre pour parer la crise vont affecter la qualité des produits que nous achetons, et cela pendant trois ans au moins.
Une des conséquences les moins attendue de la crise financière est la baisse de qualité des produits que nous achetons aujourd’hui et dans les 3 prochaines années. Pour faire face à une réduction importante des ventes, les entreprises ont dû trouver des solutions. La plupart de ces solutions ont un impact sur la qualité des produits qu’elles fabriquent ou vont fabriquer :

•    Pression sur les fournisseurs : le problème est reporté sur le fournisseur qui doit lui-même restaurer sa marge par une ou plusieurs des techniques décrites ci-dessous.

•    Chasse au gaspillage : c’est sûrement la plus inoffensive des techniques de restauration de la marge mais peut tout de même parfois avoir un impact sur la qualité. Le but étant d’identifier les étapes inutiles ou génératrices de travaux sans valeur ajoutée, l’impact sur la qualité devrait être nul. En pratique, appliquée à l’extrême, cette méthode peut conduire à des solutions abusives. Exemple : en fin de chaîne de fabrication, au lieu de tester le produit, on effectue un rapide contrôle visuel. L’impact qualité peut être grand dans ce cas mais il faut être conscient que la méthode est tout de même détournée car le test fin de chaîne n’est pas du gaspillage mais une étape essentielle pour garantir la qualité du produit finis.

•    Externalisation d’activités : consiste à sous-traiter une activité jugée comme non productive et a faible valeur ajoutée. Etape suivante de la chasse au gaspillage, on optimise les parties non rentables. L’externalisation, présentée ainsi, semble nécessaire et même souhaitable pour de nombreux dirigeants d’entreprise. Néanmoins cette technique est en général réservée aux moyennes et grandes entreprises. L’impact qualité semble être nul mais a condition que la nature et le cahier des charges des travaux sous-traités soit identique à ce qui était fait en interne. La grande idée derrière les pratiques d’externalisation est que l’entreprise qui reprend un travail fait en interne est un spécialiste du travail et le fera forcément mieux. Cela peut être vrai pour, par exemple, des travaux de ménage, pour des travaux plus complexes ou techniques, ce n’est pas si évident que cela. Citons l’exemple d’une entreprise du CAC40 qui a externalisé sa paye (faite de façon satisfaisante avant) et qui a dû essuyer de nombreux problèmes parfois graves durant un an et demi suivant sa mise en place. Certains problèmes n’étant toujours pas réglés d’ailleurs. L’expertise d’un spécialiste ne semble pas évidente à coups sûrs, tout dépend de la méthode et du sérieux du choix du prestataire. Mais le problème principal vient du fait que les activités sous-traitées n’ont pas le même périmètre, impliquant une chute plus ou moins importante de qualité de la prestation. Cela semble évident d’ailleurs, l’expertise de la société externe est souvent compensée par la marge qu’elle est obligée de faire pour que son activité soit rentable. De nombreuses externalisations sont donc de fausses bonnes idées. Lorsque cette externalisation n’a pas un lien direct avec la conception et/ou la production des produits de l’entreprise, il n’y aura pas, en général, d’impact sur la qualité. En revanche, lorsque l’externalisation touche les activités de conception (R&D) et/ou production, le risque d’une dégradation est grand.


•    Autre grande idée des dirigeants d’entreprise pour réduire les coûts : la réduction du personnel par des plans sociaux ou des non remplacements de départs. C’est le tout venant de la gestion d’entreprise. La marge diminue ? Diminuons les « people (1)». La diminution des forces vives de l’entreprise est souvent catastrophique pour cette dernière. Pour quelles raisons ? Simplement car cela démoralise ceux qui restent, tente les plus performants (ceux qui ont le plus de chance de trouver du travail ailleurs très rapidement) à partir de l’entreprise, est souvent brutal et ne laisse pas le temps de la réorganisation du travail. Ne soyons pas démagogues : il n’est pas possible de faire le même travail avec beaucoup moins de gens. Consciemment ou inconsciemment, la réduction du personnel s’accompagne très souvent d’une réduction des tâches effectuées voir du bâclage de ces tâches. C’est là que la chute de qualité intervient. La conception, fabrication et contrôle des produits est moins bon, l’impact est inévitable.
Pour résumer, si la crise a eu de nombreux impacts que nous connaissons tous, ce n’est pas le propos de cet article, un impact moins (ou pas du tout) médiatisé est que parmi les entreprises qui ont dû réajuster leurs activités face à une baisse de commande ou une baisse de marge, il est plus que probable que la qualité de leurs produits baisse à l’avenir. Pourquoi « à l’avenir » ? Parce que de la conception à la commercialisation, il s’écoule souvent entre 1 et 4 ans suivant les produits. Ainsi les produits « d’après crise » les plus simples à concevoir (sans électronique et/ou partie mécanique complexes) et produire vont bientôt arriver dans le commerce. Pour les produits les plus complexes (produits électroniques, mécaniques ou électriques complexes), il faudra attendre 2010 jusqu’à 2013 avant qu’ils ne soient proposés à la vente. Et à ce moment-là vous penserez peut-être à cet article lorsque vous constaterez peut-être des chutes de qualité. Le problème est que cette tendance risque d’être durable, il est plus facile de dégrader la qualité que de la (re)construire encore plus dans un environnement économique et idéologique où la rentabilité sera toujours préférée à toute autre possibilité. Notez que les consommateurs ont un rôle important car s’ils se positionnent clairement dès maintenant pour les produits de qualité et fabriqués en France (en se renseignant systématiquement sur internet avant tout achat important) les priorités des entreprises changeront naturellement. Certains argumenteront que les produits de qualité coûtent cher, ce n’est pas toujours le cas (d’où l’intérêt de se renseigner) et dans le calcul de coût du produit acheté, sa durée de vie réelle est un point fondamental.


Qu’en déduire ? Si vous avez des investissements importants ou critiques à faire, faites-les maintenant en vous renseignant amplement avant, il sera bientôt un peu tard (du moins pour certaines marque et produits). Réagir ainsi est également bon pour une « éventuelle » (on ne sait plus maintenant) reprise économique…

(1) Réduction du personnel. Mot anglais utilisé prétentieusement par certain manager. On touche là aux limites du management, car de telles solutions, si simples n’auraient, finalement, pas besoin d’un dirigeant trop bien payé pour les prendre mais pourraient être prises par un logiciel !

Plaidoyer pour les 32 heures

Il y a quelque temps, Reversus, blogueur associé de Marianne2, avait critiqué aussi vertement que justement l’idée de la semaine de quatre jours présenté par l’économiste Pierre Larrouturou comme un remède miracle à la crise. Frédéric Lutaud, membre du collectif trans-partis Nouvelle Gauche présidé par Pierre Larrouturou, lui répond.

Certains économistes soutiennent que « le travail ne se partage pas » (1). Leur principal argument retient l’idée qu’une « masse fixe d’heure de travail devant être partagée est fausse ». Effectivement la masse d’heure de travail n’est pas fixe et pour cause, elle diminue… Entre 1949 et 2007, le nombre d’heures travaillées a baissé exactement de 12,7 % quand la population active passait de 19,5 millions à près de 28 millions. C’est donc bien mal connaître son organisation que de dire « la masse de travail ne se partage pas ». Il suffit de prendre la mesure des recherches menées sur la division du travail (2) qui font le succès du capitalisme industriel depuis un siècle.

Les détracteurs du partage du travail constatent aussi que les entreprises qui possèdent la meilleure productivité embauchent le plus. Certes, mais l’entreprise qui embauche détruit de l’emploi chez la concurrence en gagnant des parts de marché quand celui-ci arrive à saturation. La généralisation macroéconomique n’est pas valable. Pour d’autres encore « la destruction créatrice d’emplois serait le principal moteur de la croissance (3) ».

La croissance ne crée pas d’emplois à long terme

Globalement le capitalisme industriel en développant ses outils de production a décimé la main d’œuvre agricole pour la « déverser » dans l’industrie lourde et absorbé celle-ci dans l’économie du tertiaire suite à l’automatisation et la désindustrialisation des pays riches. Il n’est pas question ici de remettre en cause la destruction d’activité qu’entraîne le progrès technologique, mais de contester le caractère automatique de la compensation d’emplois par la croissance. L’histoire nous montre que les effets de percolation (la destruction créatrice) n’ont jamais pu compenser la destruction d’emplois. Seule l’économie de guerre de 1940 a sorti les Etats-Unis de la dépression liée à la première révolution industrielle et ceci malgré le New Deal. Quant au taux de chômage chez les Noirs américains descendants de la main d’œuvre agricole, il reste très élevé encore de nos jours.
Les grands chantiers de reconstruction d’après-guerre en Europe sont maintenant terminés. La troisième révolution industrielle détruit des emplois dans le tertiaire en reconfigurant entièrement les modèles de distribution (Internet) et l’organisation hiérarchique des entreprises (mise en réseau, concentration des tâches sur un poste informatique, intelligence artificielle, production à flux tendu…). Ce n’est pas la création de postes ultra-qualifiés dans les secteurs high-tech qui absorbera le nombre de chômeurs laissés pour compte dans la destruction massive d’emplois tertiaires et l’hyper productivité dans tous les domaines de l’économie.
Entre 1995 et 2002, la production industrielle globale a augmenté de 30 % et la productivité de 4,3 % par an, tandis que chaque année, l’emploi industriel a chuté dans toutes les régions du monde jusqu’à perdre 31 millions d’actifs (4). Même si on retranche les emplois intérimaires, qui sont désormais comptabilisés dans les services aux entreprises, le compte n’y est pas. Notre époque réclame une redéfinition de l’emploi, en qualité et en volume, comme construction et responsabilité collectives. Car si la productivité crée de nouveaux emplois, c’est en nombre insuffisant pour compenser les pertes. Que faire ?

La durée du travail est la variable clé de l’évolution de l’emploi

Nous observons en France avec l’Insee, entre 1949 et 1974, une décrue du nombre d’heures travaillées de 45,7 Mds à 42,3 Mds, soit une baisse de 6% dans une conjoncture où la croissance dépasse les 5% par ans. Sur cette période, c’est la diminution du temps de travail qui a maintenu le quasi-plein-emploi malgré l’augmentation de la population active. Elle est passée d’environ 45,5 heures par semaine à un alignement sur la durée légale, soit 40 heures.

Entre 1974 et 2007 le volume d’heures travaillées connaît une nouvelle décrue de 7 % avec une croissance ralentie, mais en constante augmentation (5) (la richesse créée a augmenté de plus de 16%). Entre temps, nous sommes passés à 39 heures puis officiellement à 35 heures. Mal déployées, les 35 heures n’ont diminué à l’époque que de 4 % (6) la durée moyenne tous secteurs confondus et ont depuis largement été déconstruites par les aménagements successifs de la droite. Cette fois-ci la diminution de la durée légale du temps de travail se révèle insuffisante pour enrayer la monté du chômage. Il aurait pu être contenu par une réduction annuelle du travail de l’ordre de 16% au lieu des 10,5% constatés. « La durée du travail est la variable clé articulant l’évolution de l’emploi et donc du chômage d’un côté, et le partage des revenus de l’autre » (7).

La diminution du volume global d’heures travaillées s’accompagne de l’augmentation du nombre d’heures effectuées sous le statut de salarié. En se généralisant, le salariat consacre la victoire de la productivité de l’entreprise par la division du travail sur les professions indépendantes. Mais le recours croissant au temps partiel creuse les inégalités. En 2007, déjà plus de 4 millions de chômeurs faisaient en France 0 heure par semaine, 19 millions d’actifs travaillaient plein pot (parfois trop) et 4 millions à temps partiel (CDD ou intérim). La question qui se pose à nous aujourd’hui serait plutôt « quel partage du temps de travail voulons-nous ? » ou « jusqu’où pouvons-nous descendre la durée légale du temps de travail ? ».

Des précédents instructifs

Les 35 heures sont la cible de nombreuses critiques pour contester une nouvelle diminution du temps de travail. Les modalités de leur application ont compromis en partie de son succès. L’expérience du passage à 32 heures pour plus de 400 entreprises avec la loi de Robien nous paraît un exemple beaucoup plus pertinent pour avoir fait ses preuves (8). Ces entreprises ont toutes embauché et gagné en productivité. Comment faire bénéficier de cette expérience à l’ensemble du tissu économique sans que cela soit vécu comme une contrainte imposée de l’extérieur mais comme une chance unique d’améliorer la productivité ?

Il faut se donner les moyens d’accompagner les entreprises suivant leur rythme et par branche pour optimiser la division du travail afin de permettre l’intégration croissante de nouveaux travailleurs sans augmenter la masse salariale et sans baisser les salaires. Les grandes réformes nécessitent beaucoup de pédagogie, de diplomatie et l’ajustement d’un dispositif fiscal. Celui-ci a fait l’objet d’un bouclage macroéconomique très poussé réclamé par la Confédération européenne des syndicats. Entre indemniser des chômeurs ou permettre aux entreprises d’embaucher, notre choix est fait. Les énormes gains de productivité doivent être impérativement redistribués à travers un meilleur partage des revenus et du temps de travail. D’autre part, les services qualifiés autour du temps libre sont l’industrie de l’avenir tout comme la formation continue permise par le temps libéré est indispensable à la montée en compétence réclamée par nos changements de société. Comme le dit William Green : « Le temps libre est une certitude. À nous simplement de choisir entre loisir et chômage ». Même si la réduction du temps de travail n’est pas la seule solution au chômage, elle y contribue fortement.

Pour relire le billet de Reversus publié sur Marianne2 : « Semaine de quatre jours: êtes-vous sérieux monsieur Larrouturou? ». Vous pouvez aussi retrouver tous les articles de Reversus sur son blog.


(1) P. Cahuc & A. Zylberberg, Le chômage, fatalité ou nécessité ?, Flammarion 2004.
(2) Voir les entreprises Kellog’s, Télérama, Monique Ranou, Brioche Pasquier, Danone, Volvo, etc…
(3) Suivant la Théorie de l’évolution économique de Joseph Schumpeter, 1934.
(4) Joseph G.Cardson, Manufacturing payrolls declining globally, Alliance Berstein 2003.
(5) De 1978 à 1994, le PIB va augmenter de 40 %, Insee.
(6) Insee.
(7) Ires, La France du travail, 2009.
(8) Les travaux de l’OFCE, le rapport du Sénat, l’évaluation du BIP, Pierre Larrouturou : la semaine de 4 jours.

Managers nous voilà ou l'incompétence incarnée

Selon le blogueur du blog économique et social, certaines entreprises du CAC 40 ne remontent pas la pente à cause des managers. En quelques principes, il dresse leur portrait.

Alors que les sociétés du CAC40 devraient surperformer, elles stagnent voir régressent parfois, ou font tout simplement moins bien que ce qu’elles pourraient faire. Pourquoi ? Les raisons de ces contre-performances sont en fait découvertes depuis les années 50. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’aussi vieux soient-ils, ces principes sont toujours et encore d’actualité.

Loi de Parkinson

Publiée en 1958 par Cyril Northcote Parkinson (historien naval anglais), “La loi de Parkinson” indique avec justesse qu’un individu à tendance à multiplier ses subordonnés. Nous le voyons tous dans nos entreprises qu’un moyen commode de prendre de l’influence est d’avoir de plus en plus de personnes sous ses ordres. Si l’entreprise n’offre pas suffisamment de progression hiérarchique, le subterfuge consiste à injecter artificiellement des subordonnés pas forcément utiles.
Parkinson va plus loin, il indique que les managers qui procèdent ainsi subdivisent le travail de manière à se protéger et à créer des tâches et des besoins de coordination internes nécessitant l’embauche de subordonnés.
Parkinson a établi ces constatations à partir de son observation de l’administration britannique et quantifiait l’augmentation des fonctionnaires à un rythme de 5 à 7% l’an à volume de travail égal. Les fonctionnaires ayant tendance à se créer mutuellement du travail. Pour sortir de cette impasse le lancement d’une optimisation et simplification générale des procédures est nécessaire régulièrement avec, par exemple, pour objectif de réduire des 20% les gaspillages. C’est ainsi que dans nos grandes entreprises sont lancées des tâches d’optimisation sous le doux nom de plan –20% ou plan –30%, de comité d’efficacité etc. tout cela à coup de cabinet extérieurs hors de prix. 
Certains ont tendance à généraliser cette loi par le principe qu’une ressource disponible est inévitablement utilisée. C’est ainsi le cas des mémoires d’ordinateurs mais également des routes : plus nous en construisons plus nous avons de voitures qui les empruntant (Paradoxe de Jevons).

Le principe de Peter

Publié en 1969 par Laurence J. Peter (Docteur en Enseignement et directeur d’Ecole) et Raymond Hull, “Le principe de Peter” indique qu’un individu progresse dans l’entreprise jusqu’à ce qu’il devienne incompétent. Ce qui implique que plus on monte dans la hiérarchie plus on risque de trouver des incompétents ! Que faire d’eux lorsque leur incompétence est révélée ? Peter nous donne la solution, toujours très utilisée de nos jours : promouvoir l’incompétent à un poste prestigieux en principe mais totalement inutile. C’est ainsi qu’il nuira le moins a l’entreprise. Ce procédé est d’autant plus utilisé que licencier un incompétent supposerait que son chef l’est aussi puisqu’il a promu ou conservé cet individu aussi longtemps à son poste. Peter va même jusqu’à quantifier la population d’une organisation. 10% sont très incompétents, 20% incompétents, 40% sont modérément compétents, 20% sont compétents et 10% sont très compétents. Les extrêmes (très compétents et très incompétents) ne font en général pas partie de la hiérarchie. Les super-compétents sont un danger pour la hiérarchie car ils voient tous les dysfonctionnements et proposent des améliorations qui risquent de bouleverser la hiérarchie et/ou de révéler l’incompétence de leur chefs. 
Peter remarque qu’il est préférable, lorsqu’on en a conscience, de se maintenir à des postes ou nous restons compétents. Pourquoi ? Simplement parce que c’est un facteur de bonheur personnel. Ainsi l’explication est donnée de tous ces chefs exécrable qui pourrissent la vie de leurs employés ! Peter constate également que le refus d’une promotion (si l’on sent que l’on risque de devenir incompétent par exemple) est mal vu par la hiérarchie. C’est ainsi que, même les personnes lucides peuvent tomber elles aussi dans le piège du principe de Peter !

Le principe de Dilbert

Publié en 1997, “Le principe de Dilbert” de Scott Adams (diplômé d’économie et de management a été consultant pour Logitech) pousse le principe de Peter un peu plus loin car il constate qu’avec le temps, les constats de Peter se sont aggravés. « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : l’encadrement. », contrairement à Peter, le constat de Scott Adams est que les incompétents sont automatiquement promus aux postes d’encadrement car ils y feraient moins de dégâts. Ce n’est pas incompatible avec le principe de Peter, mais présuppose que les incompétents sont si nombreux et si vastement incompétents qu’il est nécessaire de les évincer des postes dangereux et donc, de les mettre à de vrais postes où leur pouvoir de nuisance sera moindre. Évidemment, le principe de Dilbert est plus humoristique que scientifique. Qui sont-ils d’après Scott Adams ? Des personnages qui ne comprennent rien à la technologie et qui manquent de bon sens dans les cas les plus graves. Évidemment, nous avons tous en mémoire ou sous les yeux des directeurs comme décrits par Adams, qui tapent leur courrier à deux doigts avec la fulgurante rapidité d’un escargot et qui dès qu’ils doivent faire un transparent un tout petit peu évolué sous PowerPoint sont incapables de le faire seul et qui pourtant sont Directeur R&D… Quant au bon sens, nous savons tous que c’est une denrée assez rare en fait. Les autre caractéristiques d’un mauvais manager sont les suivantes : faire des plannings et des budgets sans référence à la réalité, incapacité à récompenser le succès et à punir la fainéantise, pénalisation d’employés pour des erreurs d’origine managériale, incapacité à élever la morale des autres tout en l’abaissant de fait, incapacité à communiques des objectif clairs et mobilisateurs, promotion d’une politique de ressource humaine sadique et diabolique, incapacité à déléguer et à faire confiance à ses subordonné et nécessité de recevoir des rapports d’avancement détaillés et constants (micro- management). Evidemment avec tous ces détails donné par Adams, nous devons nous rendre compte qu’il n’a pas toujours tort bien au contraire. Qui ne connait pas dans une grande entreprise un tel profil ?
Adams pense que les personnes compétentes, elles, n’ont aucune chance d’évoluer car trop indispensables dans leur poste actuel. Là également, nous avons profusion d’exemple dans notre vie professionnelle de tous les jours. Des personnes appréciées dans leur travail cherchant à évoluer et à qui nous mettons des bâtons dans les roues car nous savons qu’elles seront assez difficiles à remplacer…

Les tout petits principes d'Eugène

Le tableau est presque complet néanmoins il me faut ajouter ma touche personnelle avec ces quelques petites lois supplémentaires :
    * Lorsque plusieurs possibilités s’offre à une entreprise c’est toujours la moins probable qui est choisie par la direction du groupe.
    * Un manager incompétent pense sincèrement qu’il passe son temps à résoudre des problèmes alors qu’il ne fait que papillonner dans diverses réunions demandant à ses subordonnés de les résoudre pour lui
    * Un manager incompétent pense que ses subordonnés sont en permanence à l’affût d’un travail qu’il aurait la bonté de leur donner et est furieux s’ils ne sont pas disponibles dans la seconde
    * Les entretiens de fin d’année n’ont que pour but de faire nous croire que nous méritons l’augmentation que l’entreprise a décidée de nous donner
    * Les incompétents donnent des objectifs annuels nombreux et variés pour être sûr que nous mériterons l’augmentation qu’ils pourront nous donner l’année suivante
    * Les incompétents pensent qu’ils sont seuls à pouvoir sauver leur service pendant que leurs subordonnés réparent l’effet de leurs décisions désastreuses
    * Un manager incompétent pense que ses subordonnés se dévoueront corps et âme pour réussir leurs propres objectifs permettant de débloquer leurs fortes primes
    * Les incompétents pensent que la seule variable d’ajustement qu’ils ont en cas de crise est le nombre d’employés
    * Les incompétents délocalisent sans hésitation car ils pensent être à l’abri de part leur position hiérarchique et financière
    * Un incompétent pense que les nombreux indicateurs qu’il demande chaque mois suffisent à garantir le succès de son entreprise s’ils sont bons
    * Un incompétent fait suivre ses emails sans commentaire ou, s’il est de bonne humeur, avec un simple FYI (For Your Information, Pour Votre Information)
    * Dans un service, il vaut mieux prend le café trois par trois que tous ensemble car un manager voyant la scène penserait qu’ils n’ont rien à faire 
1958, 1969, 1997… Ces principes ne sont pas nouveaux et pourtant combien d’actualité ! Jusqu’où le management des grandes entreprises et de l’administration peut aller ? Vers quelle décadence nous entraîne-t-il ?
Faire ce que l'on veut ou bien vouloir ce que l'on fait