Eugène - Blogueur associé | Mardi 17 Août 2010 à 16:01 | Lu 7816 fois
Privatiser pour rentabiliser, c'est la marotte de nombreuses organisations comme le FMI ou la Banque mondiale. Pourtant, cette idéologie libérale quand elle s'applique aux pays pauvres est loin de satisfaire les premiers concernés : les employés et bénéficiaires des entreprises privatisées. Petit tour du monde des privatisations ratées.
       Depuis des années, les privatisations sont présentées  aux états comme la solution à tous les problèmes d’efficacité des fonds  publics. Au centre de ce mouvement un groupe de trois entités  internationales : Le Fond Monétaire International (FMI), la Banque  Mondiale et la Réserve Fédérale Américaine. Les premiers pays fortement  touchés par cette vague ont été les pays pauvres. La réserve fédérale  américaine prête aux pays pauvre puis par le relèvement de ses taux rend  la situation économique délicate. La Banque Mondiale, propose des prêts  au pays pauvres mais en échanges de conditions sur l’usage de ces fonds  (droits de l’homme, bonne gestion…). L’argent est prêté en vue de la  construction d’infrastructures et d’opération de microcrédits. Ainsi  dans les années 80 des prêts aux pays pauvres sont accordés en échanges  d’ajustement structurel comprenant des réductions de budgets publics. Un  moyen de réduire les budgets consiste en des privatisations d’autant  plus que dans le même temps le FMI conseille les états à privatiser les  entreprises publiques par souci de performance et d’innovation. La  santé, l’éducation, l’électricité, l’eau sont des domaines éligibles  selon la banque mondiale bien que réputés difficiles à privatiser.
Tout à commencé par une idéologie fondée sur des constats : si nous voulons aider efficacement les pays pauvres nous devons nous assurer que les fond publics seront utilisés de manière optimum.Enron. Quand à l’efficacité des entreprises privées, elle est variable suivant les entreprises : parfois assez forte dans les PME, parfois assez faible dans certaines multinationales. L’idée est en effet percutante : plutôt que d’arroser un désert de sable, assurons-nous que la terre soit fertile. Constatant que les entreprises publiques sont en général pas très efficientes et que la corruption y sévit parfois, une solution consiste à inciter très fortement les pays éligibles à l’aide des pays riches de privatiser ces entreprises. L’idéologie sous-jacente étant que la corruption et l’inefficacité est inexistante (ou moindre) dans le privé. Evidemment, nous savons qu’il n’en est rien et que la corruption frappe autant les entreprises privées comme le montrent les énormes scandales comme
Aux idéologies libérales du FMI et de la Banque Mondiale, s'est ajoutée progressivement la cupidité catalysée par les énormes profits que peuvent générer ces privatisations. Les investisseurs des entreprises privées des pays pauvres ont également bien contribué à cette dégradation. Les exemples ratés de ces périodes ne sont pas rares.
Tout à commencé par une idéologie fondée sur des constats : si nous voulons aider efficacement les pays pauvres nous devons nous assurer que les fond publics seront utilisés de manière optimum.Enron. Quand à l’efficacité des entreprises privées, elle est variable suivant les entreprises : parfois assez forte dans les PME, parfois assez faible dans certaines multinationales. L’idée est en effet percutante : plutôt que d’arroser un désert de sable, assurons-nous que la terre soit fertile. Constatant que les entreprises publiques sont en général pas très efficientes et que la corruption y sévit parfois, une solution consiste à inciter très fortement les pays éligibles à l’aide des pays riches de privatiser ces entreprises. L’idéologie sous-jacente étant que la corruption et l’inefficacité est inexistante (ou moindre) dans le privé. Evidemment, nous savons qu’il n’en est rien et que la corruption frappe autant les entreprises privées comme le montrent les énormes scandales comme
Aux idéologies libérales du FMI et de la Banque Mondiale, s'est ajoutée progressivement la cupidité catalysée par les énormes profits que peuvent générer ces privatisations. Les investisseurs des entreprises privées des pays pauvres ont également bien contribué à cette dégradation. Les exemples ratés de ces périodes ne sont pas rares.
Philippines
       Aux Philippines, le système de santé public a longtemps été  réputé comme performant. Les pauvres y étaient bien soignés,  gratuitement. Puis dans les années 1980 le gouvernement a  progressivement privatisé le système. Depuis les malades pauvres ne sont  plus soignés. Les salaires des personnels de santé n’ont plus évolués.  La masse salariale a été limitée et les investissements matériels  réduits aux maximum. Cette situation a provoqué une pénurie de personnel  encore plus grave car, les étudiants en médecine partaient directement  pour l'étranger dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions et un  meilleur salaire. Sur une période de 10 ans qui a suivi la  privatisation, plus de 100 000 infirmiers et 5000 médecins sont partis à  l’étranger. De fait de nombreux hôpitaux ont fermés ou ont réduits  leurs activités par manque d'effectifs. Mais dans le même temps, des  cliniques privées pour riches se sont montées. Elles payent bien leur  personnel et donc n'en manquent donc pas. En revanche comme elles ne  sont pas gratuites pour les pauvres, ils en sont exclus en pratique.      
Bolivie
       En Bolivie, une grande vague de privatisations à eu également  lieu. Ainsi en 1999, l'entreprise gérant l'eau potable de la 3ième  ville de Bolivie, Cochabamba, a été privatisé et une concession jusqu'en  2039 a été négociée avec une compagnie jusqu’alors inconnue dans le  pays « Aguas del tunari ». Dès cette date, le prix de l'eau a augmenté  de 30% à 300% suivant les cas. Avec cette augmentation, certaines  familles modestes consacraient plus d'un quart de leur budget à l'eau  potable. Les sources qui appartenaient aux paysans ont également été  confisquées et privatisées. Des lois votées sur mesure protégeaient la  société privée gérant l'eau. Les textes de lois suivant la lecture sue  l’on en faisait pouvaient même prévoir l’interdiction de récupérer l’eau  de pluie. Devant cette pression insoutenable pour la population, des  émeutes ont eue lieu. La situation pour le gouvernement est devenue  réellement dangereuse lorsque les habitants apprirent que l’entreprise «  Aguas del tunari » était en réalité la propriété du groupe Américain «  Bechtel ». Etant donné l'ampleur de la protestation citoyenne, le  président n’a pas d’autre choix que d’instaurer, en avril 2000, la loi  martiale. Cela conduit à de nombreuses arrestations de contestataires et  syndicalistes. Le but de la loi martiale étant de rétablir l'ordre et  d’acter les privatisations. Au plus fort de la crise qui devenait  incontrôlable, des tireurs d'élite ont été employés par le gouvernement.  C’est ainsi que le jeune Victor Hugo Daza (16 ans) a été abattus ainsi  que six autres personnes. Des dizaines de femmes et adolescents furent  blessés par ces tireurs. Finalement, après six mois de manifestations  intenses, l'entreprise Bechtel qui quitta la ville rapidement et le  gouvernement fit marche arrière sur cette privatisation.      
Afrique du Sud
En Afrique du Sud, la compagnie nationale d'électricité «  Eskom » fut privatisée en 1999 et rachetée par une entreprise étrangère.  Depuis, comme en Bolivie, les prix de l’électricité ont fortement  augmentés et les pauvres et chômeurs ne pouvaient plus payer leurs  factures. Ne pouvant plus payer, de nombreux citoyens ont vu Eskom venir  chez eux couper les câbles et arracher les disjoncteurs. Au plus haut  des coupures, les foyers étaient déconnectés au rythme de 20 000 foyers  par mois. A ce rythme, Soweto fut rapidement transformée en ville sans  électricité. Comme pour l’eau, il est difficile, de nos jours, de vivre  sans électricité. L’électricité apporte l’éclairage, le chauffage, le  réfrigérateur, permet de cuisiner, etc. Une résistance s'est donc  organisée au fur et à mesure que de nombreux foyers étaient déconnectés.  Des militants se sont organisés afin de monter des « opérations lumière  » qui reconnectent les usagers les plus pauvres. Eskom qui s’est  rapidement aperçu de cette nouvelle tendance réagit en diffusant des  publicités à la télévision incitant la population à dénoncer ces Robins  des Bois. La lutte contre la fraude continue ensuite en justice. C’est  ainsi que de nombreux militants finissent par passer des mois en prison.  Pour faire plus d'argent et limiter la fraude, Eskom décide de  commander à Siemens des compteurs CashPower 2000. Installés en 2001, ce  compteur prétendent résoudre le problème des coupures de courant. Ils se  basent sur des cartes d'électricité prépayées. Des « simleys » sur le  compteur indiquent si la carte a encore des unités ou est bientôt  épuisée. Lorsque les unités manquent l’électricité est automatiquement  coupée chez les abonnés. Tous les foyers se voient proposé ce nouveau  compteur « miracle » et ceux qui refusent se voient menacés de coupure  définitive de l’électricité. En fait pour Eskom, ces compteurs sont  magiques : difficiles pour les robins de bois à contourner, ils  virtualisent le prix de l’électricité et rendent les augmentations de  tarifs plus discrètes. Les unités achetées ont une correspondance  variable avec l'énergie électrique qu’elles représentent. A  Johannesburg, le gouvernement a aussi privatisé l'eau qui est gérée par  Johannesburg Water. Eux aussi ont installés des systèmes de compteurs  prépayés qui coupent l'eau lorsque les unités sont épuisées. Les  personnes refusant l'installation de ces compteurs ont eue l'eau coupée  définitivement.      
Mali
       Au Mali, dès 1988 des privatisations ont été organisées sur  les conseils du FMI et de la Banque Mondiale, finalement plus de 200  entreprises ont été privatisées. Presque tous les dossiers de  privatisations ont été un cauchemar économique et financier. Cela a  participé à la paupérisation des travailleurs. Par exemple un nombre  important du personnel de la Société Malienne des Produits Chimiques est  en contentieux avec leur entreprise pour des impayés de salaires. On  été privatisé les chemins de fers (RCFM, 612 licenciements, fermeture de  2/3 des gares, suppression des droits sociaux, peu d’investissements),  L’électricité, l’industrie (Itema, Sonatam, SMPC, Sepom), les transports  publics (Comanav, transports et services aériens), deux banques (BMCD,  BIM), l’agriculture (Compagnie Malienne pour le Développement des  Textiles, 595 licenciements, HUICOMA), l’énergie (Energie du Mali),  télécoms (Sotelma)… Cette dernière vente, correspondant à 4% du PIB du  pays, a provoqué un scandale dans la presse locale car l’argent de la  vente n’était pas inscrit au budget 2010. Les privatisations n’ont  bénéficiées qu’au privé, avec un accroissement du chômage, de  l’endettement de l’état et de la perte de la notion de service public.
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