vendredi 14 mai 2010

Crachons le vin, c’est bon pour lui (et pour nous)

Petite parenthèse avant de reprendre mon récit aux alentours de Suze la Rousse: je cède la parole à Philippe Gimel.
J’aurai l’occasion de revenir sur cette rencontre avec ce vigneron et son épatant domaine Saint-Jean du Barroux, entre Vacqueyras et le haut du Mont Ventoux. Je goûtais sont vin; il avait installé un sceau et un gigantesque entonnoir en fer, pour ne pas se louper en recrachant sa production.
Et soudain, il a eu cette phrase fantastique: “Vous me ferez plaisir en crachant mon vin” :

Bonheur, soulagement. Une autre, femme de vigneron à qui je m’excusais de recracher ses vins car j’avais de la route à faire, s’est écriée “Mais j’espère bien! Je ne vous aurais pas permis d’avaler!

Ainsi, les vignerons se réjouissent de nos crachats. Et je confirme qu’il est très agréable, arrivé aux 10ème vin, de se sentir sobre comme un chameau et de pouvoir le déguster comme s’il s’agissait du premier verre.
Ce que regrettaient mes voisins de table d’hôtes qui souhaitaient choisir un vin pour le mariage de leur fille et, n’ayant “pas osé” recracher, étaient rentrés quasiment à quatre pattes.

Et si on généralisait les crachoirs dans les restaurants?
Mais Philippe Gimel soulève cette idée, dont je ferais bien ma croisade:
Alors je vous soumets la proposition, pas très politiquement correcte en temps de crise, j’en conviens: et si, plutôt que de vouloir freiner sa consommation de vin et faire de la patrie du vin un peuple de buveurs d’eau, on prenait l’habitude de cracher?
Nous serions tous gagnants dans l’histoire, vignerons, restaurateurs, sommeliers, usagers de la route… seul le guide du savoir-vivre de N. de Rothschild y trouverait à redire. Encore que, avec ma leçon du mois dernier pour cracher avec élégance, on est paré. 

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