mardi 4 mai 2010

Le costard est le fard blanc de Louis XIV

     Dans The PME j'occupe le poste de responsable de production. Comme beaucoup de petite entreprise il n'y a pas de doublon, chaque personne est seule à son poste et comme je suis en arrêt maladie, les choses sont complexes dans The PME sans personne pour coordonner le travail. Aujourd'hui je me suis bêtement, mais réellement bêtement rendu compte d'une évidence.
     Souvent je me dis, fataliste, que nous sommes dans un monde de vendeur, de commercial, que quel que soit la façon dont le T Shirt, l'assiette, la TV arrive chez nous, la seule chose que l'on perçoit en tant que consommateur c'est au mieux notre contact avec le (la) vendeur(se), au pire le tapotement sur notre clavier d'ordinateur pour commander en ligne. Bref cela ne nous intéresse pas de savoir (ou on ne veut pas savoir) comment sont fabriqués les produits que l'on consomme. Toute la journée on entend dire que les ventes vont bien ou mal et que cela conditionne la croissance indispensable à notre bonheur. Oui, c'est indéniable, sans vente pas besoin de produire en masse. Mais que se passe t il quand, même s'il y a des ventes, les productifs, les laborieux s'arrêtent (certains me diront ironiquement c'est simple : les chinois prennent le relais, mais globalement je suis sceptique).
     Je ne veux pas dire là que le vendeur est plus important, indispensable que le fabricant et vice versa. Je veux juste dire que si la production s'arrête et si le vendeur reste lui toujours actif, une fois que les stocks (tendus comme chacun le sait) s'épuisent il ne se passe plus rien, rien pour s'habiller, se laver, manger, . . . Que se passe t il si le vendeur arrête de vendre et que le producteur continue de produire. Ca va être dur pour trouver les produits que l'on cherche mais des réseaux secondaires vont vite se mettre en place (par exemple on irait directement chez le producteur).
Non ce n'est pas Carlita
     Un exemple (peut être mal choisi mais bon j'assume) : durant la seconde guerre mondiale, globalement on peut dire que les gens ont eu beaucoup plus faim en ville qu'à la campagne. La ville ne manquait pas de vendeurs, mais d'approvisionnement, de production. A l'inverse, la campagne n'avait aucun vendeur, mais produisait. Alors évidemment on peut me dire que sans réseau "officiel" de distribution de la production on favorise la contrebande et toute autre forme de vente parallèle.
     Souvent je compare ce désamour global du travail productif, salissant, au travail aux champs du temps de la royauté française. Le bronzage des paysans était la première marque de leur bassesse sociale en opposition au teint fardé de blanc de l'élite de l'époque, la noblesse. Est ce que le costard (ou le tailleur) est devenu le fard de notre époque ?
     Alors tout ça juste pour dire, et là je réinvente le fil à couper le beurre, que tout consommateur que nous sommes, pensons  un peu aux productifs que nous pouvons aussi être et réhabilitons le travail "manuel", celui qui fait transpirer mais celui qui nous nourrit car quoiqu'en disent nos politiques, nous ne pourront pas être tous employés dans le secteur tertiaire, celui de la recherche, du tourisme, du service.
     Au fait, je crois que service, ça vient du latin servitium, qui se traduit par esclavage, servitude en français.

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